Communiqué du COMETS sur la plainte déposée par les Professeurs Didier Raoult et Éric Chabrière à l’encontre d’Elisabeth Bik et de Boris Barbour 

07/06/2021

 À l’initiative du Professeur Didier Raoult et de son confrère, le Professeur Éric Chabrière, une procédure judiciaire a été ouverte à l’encontre de deux scientifiques, Elisabeth Bik et Boris Barbour, pour cause de harcèlement. Précisons les faits : microbiologiste de formation, spécialiste des vaccins et des microbiomes, Elisabeth Bik traque depuis quelques années les inconduites dans la recherche scientifique. À ce titre, elle a relevé des anomalies (en particulier des images dupliquées) et a soulevé des questions sur la méthodologie employée dans plusieurs publications signées par Didier Raoult et ses collègues ; elle les a ensuite soumises, en toute transparence, au forum PubPeer de discussion en ligne d’articles scientifiques. L’administrateur de PubPeer, lui-même directeur de recherche au CNRS, Boris Barbour, est accusé de complicité pour avoir relayé ces interrogations, en les hébergeant sur son site.

Les articles scientifiques rendus publics sont destinés à transmettre les résultats de la recherche et à faire l’objet de discussions dans la communauté des chercheurs ; c’est ainsi, par accumulation et mise en cause des résultats scientifiques que la science a toujours progressé et qu’elle continue à le faire. À partir du moment où elles se fondent sur des données factuelles tangibles, la discussion des hypothèses et la mise en cause des procédures de preuves font partie de l’activité normale des chercheurs. En demandant à Didier Raoult et à Éric Chabrière de rendre compte des articles qu’ils ont écrits, Elisabeth Bik et Boris Barbour ne font que leur métier. La controverse relève en effet de l’activité scientifique, à partir du moment où elle obéit aux règles du débat intellectuel et où elle se fonde sur des faits objectivables.

La plainte déposée par Didier Raoult et Éric Chabrière fait suite à un certain nombre de menaces qu’ils (ou leurs soutiens) ont lancées sur les réseaux sociaux. Ces procédés relèvent de stratégies d’intimidation inadmissibles. Le COMETS tient à faire part de son inquiétude face à de telles pratiques qu’il convient de condamner fermement.

Au-delà, le COMETS déplore la judiciarisation progressive des questions d’intégrité dans la recherche qui relèvent avant tout d’une expertise et d’une autorité scientifiques.